Deux mois à peine après avoir été expulsée de son T4 à La Jonquière par
THM, ( anciennement Office HLM de Toulon), Madame Bellil, actuellement en foyer
d'hébergement provisoire à La Garde, a reçu, début décembre, une décision de
la préfecture la déclarant prioritaire pour être relogée dans un T3 !!
Comme si la préfecture qui a
ordonné l'expulsion, à la demande de THM, reconnaissait avoir été mal inspirée,
c'est le moins qu'on puisse dire, s'agissant d'une femme de 52 ans, dépressive,
sans emploi et qui venait d'être opérée d'un cancer du colon, douze jours avant
de recevoir, le 30 juillet 2012, la première lettre l'informant que la
procédure d'expulsion était en marche.
On imagine aisément le choc
psychologique provoqué par une telle décision, juste après le choc opératoire
pour cette femme qui n'a jamais nié ses retards de loyers et qui, peu après,
s'était engagée à rembourser sa dette, ce qu'elle a commencé à faire. Avec le
RSA (580 euros) pour seule ressource, cela prendrait du temps.
Mais à THM, on ne fait pas
dans l'humanitaire, on est dans la chasse indifférenciée aux « mauvais
payeurs », on ne s'embarrasse pas de savoir s'il y a ou non des
circonstances atténuantes à de telles situations. Et, malheureusement, il n'y a
pas que madame Bellil qui est dans ce cas.
Les militants du Front de
Gauche de Toulon, lorsqu'ils ont appris, par la presse locale, son expulsion
malgré ses problèmes médicaux et sociaux, ont multiplié les initiatives pour
aider cette maman qui a élevé seule ses trois filles, aujourd'hui majeures et
ne vivant plus avec leur mère, à faire face à tous les problèmes qu'elle avait
à résoudre dans l'urgence : son démènagement, elle avait à peine deux
mois, elle n'avait personne pour l'aider, encore moins pour entreposer son
mobilier et ses affaires personnelles restées dans l'appartement !
Elle était expulsée huit jours
avant la trève hivernale et s'était retrouvée « à la cloche de
bois », rien dans les mains ou si peu, encore moins dans les poches. Elle
passa sa première nuit, hébergée par un SDF, sous la tente et les deux jours
suivants à l'hôtel généreusement payé par une lectrice sensibilisée par ce qui
lui arrivait.
Nous l'avons contactée pour
savoir comment l'aider à retrouver le moral et à faire face à cette nouvelle
situation aussi humiliante parce qu'injustifiée affectant son état psychique et
physique.
En sa présence nous avons tenu
une première conférence de presse pour dénoncer de telles pratiques et en
montrer les conséquences. Cela devait sans doute accélérer son relogement provisoire
en foyer d'hébergement, nous l'avons aidée à reconstituer des dossiers de
demandes de logement, avant même de connaître la décision préfectorale. Le
Secours populaire lui a fourni tous les vêtements dont elle avait besoin, à la
veille de l'hiver, les siens étaient
restés dans son ancien logement qu'elle occupait depuis 22 ans.
Nous avons mobilisé, le jour
venu, une dizaine de militants, des voitures, un camion pour effectuer le
déménagement et l'entreposer chez un autre militant, tout ça bénévolement, cela
va sans dire. Un souci matériel et financier de moins pour madame Bellil.
Nous l'avons accompagnée,
quand nous le pouvions, à ses rendez-vous médicaux et sociaux. Elle a remis une
lettre au secrétariat du président de THM, Mr Cavanna, adjoint au maire et
conseiller général, pour le « remercier » de la décision qu'il a
couverte. Il lui a fait parvenir un nouveau dossier de demande de logement que
Madame Bellil a rapidement déposé au siège de THM. Un dossier
a été également remis à Var-Habitat qui coordonne les relations avec
tous les bailleurs sociaux.
Nous avons un regret : ne pas avoir été informés avant l'expulsion pour
sensibiliser les autres locataires afin d'éviter que Mme Bellil soit mise à la
rue. Mais le pot de fer dissuade le pot de terre de toute résistance, celui-ci
se fait discret, se sent dans son tort, culpabilise, ne croit pas à ce que la
menace se réalise, a d'autres préoccupations, de sérieux problèmes de santé,
par exemple.
Dans le contexte actuel de
super-austérité assumée où les inégalités sociales et la précarité
s'accroissent, faisant des ravages dans nos cités populaires notamment où se
retrouvent les familles les plus fragiles, il est important que la solidarité
s'organise pour en atténuer les effets les plus implacables comme l'expulsion
mais aussi pour exiger un tout autre effort de construction de logements
sociaux dans cette ville comme à l'échelle du Var. Loin de combler les retards
dans ce domaine, la droite les accroît.
Ce qui explique que la loi
DALO (droit au logement opposable), créée en 2007 après le mouvement des
sans-abris du canal Saint-Martin à Paris, ne puisse répondre, en l'état, aux
urgences sociales. Puisque le stock de demandeurs s'accroît d'autant plus vite
qu'il y a moins de logements sociaux à proposer. Et c'est particulièrement vrai
dans le Var où 75% de la population est éligible à un logement social et
il n'en est mis qu'entre 50 et 100 de plus par an en location : c'est
dérisoire ! Et THM a examiné 1801 dossiers en 2013...
C'est pourquoi nous sommes
indignés que le maire de Toulon ait vendu le domaine public de l'ancien hôpital
Font-Pré (3,3 ha) à un promoteur privé, Bouygues-immobilier, pour y construire
732 logements de standing et, nous dit-on, 200 logements sociaux (seulement)
dont on ne connaît pas exactement les caractéristiques « sociales ».
Il aurait pour le moins fallu inverser : 732 logements sociaux et très
sociaux et 200 privés ou co-propriétés pour la mixité. Evidemment ce n'était
pas le même profit pour la multinationale.
Nous continuerons à aider
Mme Bellil jusqu'à ce que sa
situation locative se stabilise et selon ses propres demandes. Nous saluons
son courage dans ces circonstances particulièrement difficiles de sa vie et
lui souhaitons de recouvrer une meilleure santé et d'en prendre le plus grand
soin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire