mercredi 22 janvier 2014

Scandaleusement expulsée, Madame Bellil reconnue...prioritaire !

Le Front de gauche de Toulon a tenu mercredi 22 janvier 2014, une conférence de presse pour faire le point de l'évolution de la situation de madame Fadila Bellil, présente et qui était entourée de  André de Ubeda, Odile Bozane, Jean-Louis Marfaing, Philippe Himber, René Fredon.
 Deux mois à peine après avoir été expulsée de son T4 à La Jonquière par THM, ( anciennement Office HLM de Toulon), Madame Bellil, actuellement en foyer d'hébergement provisoire à La Garde, a reçu, début décembre, une décision de la préfecture la déclarant prioritaire pour être relogée dans un T3 !!

Comme si la préfecture qui a ordonné l'expulsion, à la demande de THM, reconnaissait avoir été mal inspirée, c'est le moins qu'on puisse dire, s'agissant d'une femme de 52 ans, dépressive, sans emploi et qui venait d'être opérée d'un cancer du colon, douze jours avant de recevoir, le 30 juillet 2012, la première lettre l'informant que la procédure d'expulsion était en marche.
On imagine aisément le choc psychologique provoqué par une telle décision, juste après le choc opératoire pour cette femme qui n'a jamais nié ses retards de loyers et qui, peu après, s'était engagée à rembourser sa dette, ce qu'elle a commencé à faire. Avec le RSA (580 euros) pour seule ressource, cela prendrait du temps.
Mais à THM, on ne fait pas dans l'humanitaire, on est dans la chasse indifférenciée aux « mauvais payeurs », on ne s'embarrasse pas de savoir s'il y a ou non des circonstances atténuantes à de telles situations. Et, malheureusement, il n'y a pas que madame Bellil qui est dans ce cas.
Les militants du Front de Gauche de Toulon, lorsqu'ils ont appris, par la presse locale, son expulsion malgré ses problèmes médicaux et sociaux, ont multiplié les initiatives pour aider cette maman qui a élevé seule ses trois filles, aujourd'hui majeures et ne vivant plus avec leur mère, à faire face à tous les problèmes qu'elle avait à résoudre dans l'urgence : son démènagement, elle avait à peine deux mois, elle n'avait personne pour l'aider, encore moins pour entreposer son mobilier et ses affaires personnelles restées dans l'appartement !
Elle était expulsée huit jours avant la trève hivernale et s'était retrouvée « à la cloche de bois », rien dans les mains ou si peu, encore moins dans les poches. Elle passa sa première nuit, hébergée par un SDF, sous la tente et les deux jours suivants à l'hôtel généreusement payé par une lectrice sensibilisée par ce qui lui arrivait.
Nous l'avons contactée pour savoir comment l'aider à retrouver le moral et à faire face à cette nouvelle situation aussi humiliante parce qu'injustifiée affectant son état psychique et physique.
En sa présence nous avons tenu une première conférence de presse pour dénoncer de telles pratiques et en montrer les conséquences. Cela devait sans doute accélérer son relogement provisoire en foyer d'hébergement, nous l'avons aidée à reconstituer des dossiers de demandes de logement, avant même de connaître la décision préfectorale. Le Secours populaire lui a fourni tous les vêtements dont elle avait besoin, à la veille de l'hiver, les siens étaient  restés dans son ancien logement qu'elle occupait depuis 22 ans.
Nous avons mobilisé, le jour venu, une dizaine de militants, des voitures, un camion pour effectuer le déménagement et l'entreposer chez un autre militant, tout ça bénévolement, cela va sans dire. Un souci matériel et financier de moins pour madame Bellil.
Nous l'avons accompagnée, quand nous le pouvions, à ses rendez-vous médicaux et sociaux. Elle a remis une lettre au secrétariat du président de THM, Mr Cavanna, adjoint au maire et conseiller général, pour le « remercier » de la décision qu'il a couverte. Il lui a fait parvenir un nouveau dossier de demande de logement que Madame Bellil a rapidement déposé au siège de THM.  Un dossier  a été également remis à Var-Habitat qui coordonne les relations avec tous les bailleurs sociaux.
Nous avons un regret : ne pas avoir été informés avant l'expulsion pour sensibiliser les autres locataires afin d'éviter que Mme Bellil soit mise à la rue. Mais le pot de fer dissuade le pot de terre de toute résistance, celui-ci se fait discret, se sent dans son tort, culpabilise, ne croit pas à ce que la menace se réalise, a d'autres préoccupations, de sérieux problèmes de santé, par exemple.
Dans le contexte actuel de super-austérité assumée où les inégalités sociales et la précarité s'accroissent, faisant des ravages dans nos cités populaires notamment où se retrouvent les familles les plus fragiles, il est important que la solidarité s'organise pour en atténuer les effets les plus implacables comme l'expulsion mais aussi pour exiger un tout autre effort de construction de logements sociaux dans cette ville comme à l'échelle du Var. Loin de combler les retards dans ce domaine, la droite les accroît.
Ce qui explique que la loi DALO (droit au logement opposable), créée en 2007 après le mouvement des sans-abris du canal Saint-Martin à Paris, ne puisse répondre, en l'état, aux urgences sociales. Puisque le stock de demandeurs s'accroît d'autant plus vite qu'il y a moins de logements sociaux à proposer. Et c'est particulièrement vrai dans le Var où 75% de la population est éligible à un logement social  et il n'en est mis qu'entre 50 et 100 de plus par an en location : c'est dérisoire ! Et THM a examiné 1801 dossiers en 2013...
C'est pourquoi nous sommes indignés que le maire de Toulon ait vendu le domaine public de l'ancien hôpital Font-Pré (3,3 ha) à un promoteur privé, Bouygues-immobilier, pour y construire 732 logements de standing et, nous dit-on, 200 logements sociaux (seulement) dont on ne connaît pas exactement les caractéristiques « sociales ». Il aurait pour le moins fallu inverser : 732 logements sociaux et très sociaux et 200 privés ou co-propriétés pour la mixité. Evidemment ce n'était pas le même profit pour la multinationale.
Nous continuerons à aider Mme Bellil jusqu'à ce que sa situation locative se stabilise et selon ses propres demandes. Nous saluons son courage dans ces circonstances particulièrement difficiles de sa vie et lui souhaitons de recouvrer une meilleure santé et d'en prendre le plus grand soin.

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