Inénarrable ce qu'on peut
lire sur le site de cet ancien ministre de Sarkozy, vice-président
de l'UMP
(http://www.hubertfalco.fr/actualite/que-fait-on-a-l-ump-ce-soir/).
D'abord le titre : "Que
fait-on à l'UMP ce soir ?" Bonne question. Falco se met en
dehors de ceux qui, à la direction, se disputent lamentablement pour
la succession dans un contexte de bataille ouverte entre clans, sur
fond de scandales touchant notamment l'ancien chef de l'Etat,
redevenu un justiciable comme les autres.
Falco, le chevalier blanc,
fidèle parmi les fidèles se veut au-dessus de la mêlée, il n'est
au courant de rien, n'a d'opinion sur rien ni sur personne, il
regrette seulement que "tous
les coups soient désormais permis"
dans son propre camp.
Car
le texte, manifestement pas une improvisation du signataire (on ne
reconnaît pas son style très personnel mais sa pensée est bien
traduite), veut rassurer les électeurs (trices) que leur mentor
local et départemental n'est pour rien dans la déroute de l'UMP,
empêtrée dans les affaires à tous les étages, de l'Elysée à la
maison-mère qui croule sous les dettes et les fausses factures. Il
y a le feu.
A
défaut d'être le pompier de service, Falco se range du côté de la
vox populi qui a d'autres chats à fouetter que les règlements de
compte à OK-Coral en version originale qui envahissent les médias.
Il
joue les prédicateurs, une posture qui voudrait faire oublier qu'il
était ministre et donc solidaire de toute la politique de Sarkozy.
Ce dernier avait choisi Toulon pour nous faire son grand numéro de
moralisation du capitalisme sous les applaudissements nourris de
Falco et de tous les afficionados du libéralisme en marche.
En
six ans, Sarkozy et son gouvernement, avec Falco, ont ajouté 600
milliards à la dette, la portant à 1700 milliards...pour le seul
bénéfice des banques dont les pratiques spéculatives, au service
du grand capital n'ont pas cessé, bien au contraire.
Malheureusement, ça continue sous un gouvernement dit "de
gauche" qui nous prodigue les mêmes recettes avec leurs
désastreux effets sur l'emploi et le pouvoir d'achat, la liquidation
des services publics et des protections sociales...
"La
crise est désormais bien là" !
Dans un élan de lucidité tardive, Falco découvre
enfin que la crise est plus tenace que ce qu'il nous disait quand il
était au pouvoir. Cela fait huit ans que le pays s'enfonce dans la
crise, comme dans toute l'Europe comme aux Etats-Unis. Mais ils
avaient les "bonnes" solutions pour en sortir après nous y
avoir enfoncés.
Dans une envolée lyrique autant que démagogique, il
évoque "les fins de mois impossibles à boucler,
inaccessibilité au logement...le lot de millions de nos
concitoyens...aucune famille n'est épargnée, certaines sont
totalement disloquées..."
Quel grand coeur tout de même ! Il compatit en omettant
de dire que la purge d'austérité de l'UMP n'a rien à envier à
celle qui nous est administrée et qui produit les effets qu'il
décrit.
Du haut de sa chaire, il s'adresse "à ceux qui
prétendent incarner l'alternance politique", c'est-à-dire
à ses amis qui se déchirent à pleines dents, pour qu'ils
s'imposent "une obligation de dignité, de droiture, de
respect de nos concitoyens, de sens des responsabilité..."
Diable ! Ils n'en avaient donc
pas et il les fréquentait sans état d'âme, vantant
leurs compétences et leur sens de l'Etat.
Ne serait-ce pas un réflexe de survie avant de quitter
le navire, comme il avait failli le faire en 2011 en se rapprochant
de Borloo qui avait senti venir les vents mauvais. Les discours sur
l'identité nationale, la sécurité, l'immigration...calqués sur
ceux du FN, n'ont fait que banaliser la formation d'extrême-droite
que la moitié de l'UMP trouve désormais fréquentable et qu'une
partie non négligeable de ses électeurs ont rejoint en mars et en
mai.
Falco lance un appel à sauver l'UMP, à mettre fin à
la bataille des egos...et dieu sait s'il y en a, mais pas à revoir
la ligne politique qui nous a menés là où nous en sommes. Lui
aussi veut sauver le capitalisme qui prend l'eau de toutes parts. Pas
changer de cap. On ne se faisait d'ailleurs pas d'illusion.
Autrement dit, ce n'est pas le fond de la politique de
l'UMP qu'il critique mais la forme, la façon dont ceux qui la
dirigent aujourd'hui, compromettent, par leurs actes, leurs
pratiques, leurs affrontements, "leurs jeux suicidaires",
l'avenir à court terme de la formation de droite au bord de
l'éclatement.
Car enfin, ce n'est pas 50 milliards de réduction des
dépenses publiques que propose l'UMP : c'est 120 milliards ! En
désignant Juncker pour présider la commission européenne, l'UMP -
comme le PS- a choisi la continuité dans la crise, l'accord
transatlantique qui nous soumettrait un peu plus aux exigences
américaines, l'accélération des privatisations, la soumission au
grand patronat, les reculs sociaux tous azimuts...Et Falco fait mine
de se plaindre des conséquences !
Bossuet disait :"Dieu rit des gens qui déplorent
les effets dont ils chérissent les causes"
Falco a pris la mesure, malgré sa réélection au
premier tour, que ce que l'UMP perd, bascule vers le FN lequel feint
de condamner les politiques d'austérité mais n'a nullement
l'intention d'en finir avec le système capitaliste. Sinon de
proposer des solutions encore plus musclées, encore plus
conservatrices.
René Fredon
PS : Pour ce qui est de l'obligation de droiture,
Falco a du travail dans le Var avec quelques maires qu'il a adoubés.
Comme celui de Roquebrune-sur-Argens, Luc Jousse qui vient d'être
condamné à cinq ans d'interdiction de ses droits civiques et à 20
000 euros d'amende pour détournements de fonds publics. Ou Elie Brun
ex-maire de Fréjus, lui aussi condamné récemment, ce qui s'est
traduit par le succès du FN.

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