vendredi 7 février 2014

Pontcarral : résidence privée...de toute considération

                                     Pour que ça change !

Cette adresse aux habitants de Pontcarral nous a été inspirée par l'assemblée citoyenne organisée par la liste "Alternative à gauche, écologiste et citoyenne", le 3 février à la médiathèque du Pont-du-Las, très riche par le nombre et la diversité des participants, par la qualité des interventions, par le témoignage et la présence d'habitants de cette cité très populaire. La question du logement était au centre de cet échange authentique qui aura des prolongements.
On ne le dirait pas mais Pontcarral, un nom connu de tous les Toulonnais, n'est pas une cité HLM mais une co-propriété, une résidence, à l'entrée-ouest de Toulon, chargée d'une très mauvaise réputation.
Pensez donc, elle est habitée à 90% par des Français d'origine maghrébine et cela suffit à certains pour stigmatiser son état de délabrement et en rendre responsables ses habitants globalement, sans se soucier de ce qu'ils subissent ni de l'histoire de cette co-propriété.
Construite en 1962, elle était destinée à loger les Français rapatriés d'Algérie qui ont constitué l'immense majorité (80à 90%) de la population des 364 logements jusqu'en 1990, il y avait une toute petite minorité de familles maghrébines ou d'origine maghrébine.
A partir des années 1990 beaucoup de rapatriés décident de quitter la résidence, ils vendent leurs logements à des prix défiant toute concurrence, ce qui a permis à des familles d'origine maghrébine de devenir propriétaires de leur logement. Certains les habitent, d'autres les louent.
La "résidence" est aujourd'hui peuplée à 90% de population française (ou non) d'origine maghrébine. Elle compte 60% de propriétaires dont la moitié à peine habite sur place. Le nombre de locataires y est devenu largement majoritaire. Le taux de natalité y est élevé, comme celui du chômage ( le double de la moyenne toulonnaise, autour de 25%), les ressources beaucoup moins.
L'immeuble a vieilli, son entretien de plus en plus négligé, les syndics se succèdent sans efficacité si ce n'est que les loyers et les charges flambent, sans résoudre les problèmes courants d'entretien, d'humidité, d'étanchéité, de peinture, de propreté, de pannes d'ascenseurs à répétition particulièrement gênantes dans ces deux barres de 13 étages, très mal conçues. Certaines personnes ne quittent plus leur appartement.
Il n'y a qu'une coursive tous les trois étages, l'accès aux étages intermédiaires se fait par un étroit escalier, la sécurité des habitants en cas d'incendie pour atteindre les coursives et l'escalier extérieur y est très aléatoire. A quand remonte la dernière visite d'une commission de sécurité ? Il y a une réelle urgence à s'en assurer.

Tout ceci explique qu'un T3 à Pontcarral se vende 45 000 euros, trois fois moins cher que la moyenne des quartiers ouest. C'est dire la dépréciation de ces deux barres et le degré de détérioration atteint. Même à ce prix, il y a peu de candidats malgré la crise du logement social à Toulon. Ce qui a fait flamber les loyers. Ici, une famille peut payer 680 euros par mois pour un T3. Quand on n'a pas le choix...
D'où la réputation de ces immeubles laissés à l'abandon par ceux qui en ont la charge, les co-propriétaires dont certains, eux-même paupérisés, renvoient la balle sur les locataires "qui ne respectent rien" ou sur les syndics "qui se gavent" et laissent pourrir la situation.
La ville a acheté quelques logements destinés à des demandeurs sociaux. Elle ne cache pas qu'elle voudrait bien ne plus avoir cette "résidence" en bordure de l'autoroute, ce qui ne donne pas, à ses yeux, une bonne image de "la plus belle rade d'Europe". Ah ! l'image...
Qu'attend-elle pour contribuer à sa rénovation, à sa remise aux normes en tant que co-propriétaire ? A tous les services publics qui font défaut et dont elle a la charge ?
Cette réputation porte aussi sur le type de ses habitants qui cumulent beaucoup de handicaps, culturels et sociaux en particulier et qui ont quelques raisons de se sentir délaissés, voir isolés pour ne pas dire ghettoïsés à un degré très avancé !
Comment, en ces temps de crise qui frappe plus encore les catégories sociales les plus défavorisées, n'y aurait-il pas d'incivilités, de dégradations, d'actes délictueux, de repli communautaire (il existe dans toutes les religions), de racisme qu'on retourne tout aussi injustement, quand on a le sentiment d'être montrés du doigt et victimes de discriminations en tous genres, d'échecs scolaires par manque de structures et d'aides adaptées.
Ce qui ne justifie rien mais on ne peut se contenter de juger hâtivement et globalement toute une population aux prises à des difficultés accentuées du fait de ses origines sociales et ethniques, stigmatisée par la droite la plus conservatrice et l'extrême-droite qui lui montre le chemin. Et maintenant par un gouvernement qui se dit de gauche et agit selon les mêmes valeurs : laisser la finance et le marché décider à la place des peuples, contre les peuples !
Qu'est-ce qui est le plus violent ? Celui qui réclame un travail et un toît pour sa famille ou celui qui l'en prive ? Celui qui concentre une fortune insolente ou celui qui est privé du strict nécessaire ?
Ne nous laissons pas diviser, détourner de la défense de nos intérêts communs, exigeons d'être écoutés et entendus quand nous demandons le respect de nos droits à une vie digne pour tous qui ne soit pas fonction de l'épaisseur de notre compte en banque ou de notre origine, pas plus que de notre appartenance ou non à une religion. Nous voulons le respect pour tous. Beaucoup moins pour ceux qui confisquent le travail salarié à leur seul profit.
La liste "Alternative à gauche, écologiste et citoyenne" que conduit André De Ubeda, porte ces valeurs de partage, de solidarité et de lutte pour les préserver car elles sont menacées et pour en conquérir de nouvelles.
Elle fait de la démocratie citoyenne la condition pour y parvenir, avec vous. Et cela passe par votre engagement sur votre lieu de vie, pour décider et porter vous-mêmes ce qui est bon pour vous. Rien sans vous. Sinon d'autres décideront à votre place et les inégalités continueront à se creuser. Vous vous sentirez impuissants, à l'écart de la vie de la cité.
Nous poursuivrons au-delà des élections, ce combat contre l'austérité et ses conséquences humaines en priorité dans les quartiers les plus défavorisés, à vos côtés, pas à votre place, avec vous qui ne demandez pas l'aumône mais la dignité de vivre ensemble.
Nous connaissons mieux aujourd'hui les conditions de vie à Pontcarral et dans d'autres cités.
Nous serons à vos côtés pour les changer. Pas du jour au lendemain. Dans la durée.
René Fredon

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