Pour que ça change !
Cette adresse aux habitants de Pontcarral nous a été inspirée par l'assemblée citoyenne organisée par la liste "Alternative à gauche, écologiste et citoyenne",
le 3 février à la médiathèque du Pont-du-Las, très riche par le nombre
et la diversité des participants, par la qualité des interventions, par
le témoignage et la présence d'habitants de cette cité très populaire.
La question du logement était au centre de cet échange authentique qui
aura des prolongements.
On ne le dirait pas mais
Pontcarral, un nom connu de tous les Toulonnais, n'est pas une cité
HLM mais une co-propriété, une résidence, à l'entrée-ouest de
Toulon, chargée d'une très mauvaise réputation.
Pensez donc, elle est
habitée à 90% par des Français d'origine maghrébine et cela
suffit à certains pour stigmatiser son état de délabrement et en
rendre responsables ses habitants globalement, sans se soucier de ce
qu'ils subissent ni de l'histoire de cette co-propriété.
Construite en 1962, elle
était destinée à loger les Français rapatriés d'Algérie qui ont
constitué l'immense majorité (80à 90%) de la population des 364
logements jusqu'en 1990, il y avait une toute petite minorité de
familles maghrébines ou d'origine maghrébine.
A partir des années 1990
beaucoup de rapatriés décident de quitter la résidence, ils
vendent leurs logements à des prix défiant toute concurrence, ce
qui a permis à des familles d'origine maghrébine de devenir
propriétaires de leur logement. Certains les habitent, d'autres les
louent.
La "résidence"
est aujourd'hui peuplée à 90% de population française (ou non)
d'origine maghrébine. Elle compte 60% de propriétaires dont la
moitié à peine habite sur place. Le nombre de locataires y est
devenu largement majoritaire. Le taux de natalité y est élevé,
comme celui du chômage ( le double de la moyenne toulonnaise, autour
de 25%), les ressources beaucoup moins.
L'immeuble a vieilli, son
entretien de plus en plus négligé, les syndics se succèdent sans
efficacité si ce n'est que les loyers et les charges flambent, sans
résoudre les problèmes courants d'entretien, d'humidité,
d'étanchéité, de peinture, de propreté, de pannes d'ascenseurs à
répétition particulièrement gênantes dans ces deux barres de 13
étages, très mal conçues. Certaines personnes ne quittent plus
leur appartement.
Il n'y a qu'une coursive
tous les trois étages, l'accès aux étages intermédiaires se fait
par un étroit escalier, la sécurité des habitants en cas
d'incendie pour atteindre les coursives et l'escalier extérieur y est très aléatoire. A quand remonte la dernière visite d'une
commission de sécurité ? Il y a une réelle urgence à s'en
assurer.
Tout ceci explique qu'un
T3 à Pontcarral se vende 45 000 euros, trois fois moins cher que la
moyenne des quartiers ouest. C'est dire la dépréciation de ces deux
barres et le degré de détérioration atteint. Même à ce prix, il
y a peu de candidats malgré la crise du logement social à Toulon.
Ce qui a fait flamber les loyers. Ici, une famille peut payer 680
euros par mois pour un T3. Quand on n'a pas le choix...
D'où la réputation de
ces immeubles laissés à l'abandon par ceux qui en ont la charge,
les co-propriétaires dont certains, eux-même paupérisés,
renvoient la balle sur les locataires "qui ne respectent rien"
ou sur les syndics "qui se gavent" et laissent pourrir la
situation.
La ville a acheté
quelques logements destinés à des demandeurs sociaux. Elle ne cache
pas qu'elle voudrait bien ne plus avoir cette "résidence"
en bordure de l'autoroute, ce qui ne donne pas, à ses yeux, une bonne image de "la
plus belle rade d'Europe". Ah ! l'image...
Qu'attend-elle pour
contribuer à sa rénovation, à sa remise aux normes en tant que
co-propriétaire ? A tous les services publics qui font défaut et
dont elle a la charge ?
Cette réputation porte
aussi sur le type de ses habitants qui cumulent beaucoup de
handicaps, culturels et sociaux en particulier et qui ont quelques
raisons de se sentir délaissés, voir isolés pour ne pas dire
ghettoïsés à un degré très avancé !
Comment, en ces temps de
crise qui frappe plus encore les catégories sociales les plus
défavorisées, n'y aurait-il pas d'incivilités, de dégradations,
d'actes délictueux, de repli communautaire (il existe dans toutes
les religions), de racisme qu'on retourne tout aussi injustement,
quand on a le sentiment d'être montrés du doigt et victimes de
discriminations en tous genres, d'échecs scolaires par manque de
structures et d'aides adaptées.
Ce qui ne justifie rien
mais on ne peut se contenter de juger hâtivement et globalement
toute une population aux prises à des difficultés accentuées du
fait de ses origines sociales et ethniques, stigmatisée par la
droite la plus conservatrice et l'extrême-droite qui lui montre le
chemin. Et maintenant par un gouvernement qui se dit de gauche et
agit selon les mêmes valeurs : laisser la finance et le marché
décider à la place des peuples, contre les peuples !
Qu'est-ce qui est le plus
violent ? Celui qui réclame un travail et un toît pour sa famille
ou celui qui l'en prive ? Celui qui concentre une fortune insolente
ou celui qui est privé du strict nécessaire ?
Ne nous laissons pas
diviser, détourner de la défense de nos intérêts communs,
exigeons d'être écoutés et entendus quand nous demandons le
respect de nos droits à une vie digne pour tous qui ne soit
pas fonction de l'épaisseur de notre compte en banque ou de notre
origine, pas plus que de notre appartenance ou non à une religion.
Nous voulons le respect pour tous. Beaucoup moins pour ceux qui
confisquent le travail salarié à leur seul profit.
La liste "Alternative
à gauche, écologiste et citoyenne" que conduit André De
Ubeda, porte ces valeurs de partage, de solidarité et de lutte pour
les préserver car elles sont menacées et pour en conquérir de
nouvelles.
Elle fait de la
démocratie citoyenne la condition pour y parvenir, avec vous.
Et cela passe par votre engagement sur votre lieu de vie, pour
décider et porter vous-mêmes ce qui est bon pour vous. Rien sans
vous. Sinon d'autres décideront à votre place et les inégalités
continueront à se creuser. Vous vous sentirez impuissants, à
l'écart de la vie de la cité.
Nous poursuivrons au-delà
des élections, ce combat contre l'austérité et ses conséquences
humaines en priorité dans les quartiers les plus défavorisés, à
vos côtés, pas à votre place, avec vous qui ne demandez pas
l'aumône mais la dignité de vivre ensemble.
Nous connaissons mieux
aujourd'hui les conditions de vie à Pontcarral et dans d'autres
cités.
Nous serons à vos côtés
pour les changer. Pas du jour au lendemain. Dans la durée.
René Fredon
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