Une
propagande insidieuse répand que la protection sociale croûlerait
sous les détournements des fraudeurs à la sécu, empochant des
prestations indues. Cela existe mais pas au niveau que prétendent
ceux qui alimentent la rumeur mensongère. Le manque à gagner et
l'explication de notre situation ont une toute autre source.
UMP
et FN rivalisent pour dresser les assurés sociaux les uns contre les
autres, induire que le système est mal géré, obsolette, en
trouvant des excuses aux très gros fraudeurs qui s'exonèrent de
leurs cotisations et de leur devoir de solidarité au nom de la bien
commode "compétitivité".
Le
rapport publié en janvier 2013 par le syndicat national "Solidaires
Finances Publiques", à partir de sources vérifiables et
citées, rend le sujet nettement plus transparent, en ne mélangeant
pas ce qui relève de la fraude fiscale, de la fraude à la TVA, de
la fraude aux cotisations sociales comme de la fraude aux prestations
et, bien entendu, de l'évasion fiscale, domaine réservé aux
champions de "l'optimisation", les très grandes
entreprises incluant les banques et les très grandes fortunes.
Il
paraît qu'on leur fait la chasse -aux paradis fiscaux- mais pas
trop, de sorte qu'on en recense davantage aujourd'hui. Allez
comprendre !
Selon
le rapport (p.22) "la fraude aux prestations
sociales serait comprise entre 540 et 808 millions d'euros
en 2009, sur environ 60 milliards de prestations versées. La fraude
représenterait ainsi 0,91% à 1,36% du total des
sommes versées. Les indus sont recouvrés à hauteur de 88% dans les
trois ans (le contrôle aurait détecté 458 millions d’euros en
2010).
La
fraude aux cotisations sociales provenant du travail non déclaré
est pour sa part plus
importante
: le rapport de l’Assemblée nationale l’estime comprise entre
15 milliards et 20
milliards
d’euros, un ordre de grandeur qui confirme celui avancé par le
Conseil des
prélèvements
obligatoires dans son rapport de 2007 consacré à la fraude aux
prélèvements
obligatoires
: elle était alors évaluée entre 8 et 13 milliards d’euros. Les
récents travaux (le
rapport
de 2011 de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée
Nationale) l’estime
voisine
de 15 milliards d’euros.
La
fraude fiscale est en revanche nettement plus élevée"
Sa
fourchette d'évaluation se situe entre 60 et 80 mds d'euros.
On n'est plus dans la même catégorie : ce sont les entreprises qui
sont concernées et plus elles sont grosses, moins elles contribuent,
plus elles ont de possibilités (y compris légales) offertes
d'échapper à l'impôt sur les bénéfices au même taux que les
petites, et de de niches fiscales à leur disposition, soit quelques
50 mds d'exonérations en tous genres. La fraude à la TVA non
reversée à l'Etat.
On
pourrait aussi évoquer le coût du travail au noir, de la
contre-façon, de la contrebande...de tout ce qui échappe à tout
contrôle social ou fiscal et qui revient dans le circuit
(blanchiment) : une montagne de richesses pas perdues pour tout le
monde.
Faîtes un premier total et vous
aurez une idée, incomplète, du coût du capital.
Si on y ajoute le fait que la
Direction générale des finances publiques a perdu 26 000 emplois
depuis 2002, on mesure que les annonces de lutte contre la fraude
fiscale, tous azimuts, après la performance du ministre du budget
Cahuzac lui-même, ne font pas vraiment peur à ceux qui obtiennent
toute la sollicitude de ce gouvernement sans la moindre contrepartie
autre que verbale.
D'ailleurs,
le 5 février dernier, à l'issue du conseil interministériel de
pilotage des réformes de la fiscalité Pierre Moscovici a encore
rassuré les chefs d'entreprises..."qui
éprouvent le sentimentqu'il y a trop de contrôles, trop de
contrôles à postériori qui apparaissent eux-mêmes comme un
empêchement à agir...Notre volonté c'est de faire en sorte que
ceux qui sont tranparents soient récompensés à travers un
allègement des contrôles à postériori et que ceux qui fraudent
soien en revanche plus durement pénalisés."
Après
le voyage de Hollande aux Etats-Unis, combien Obama va-t-il obtenir
de réduction pour "sa" multinationale "Google"
que le fisc français parle de taxer de...1 milliard d'euros au
titre de l'impôt sur les sociétés. Rien que ça ! Quand on vous
dit que plus on est gros, plus on triche. C'est le système qui veut
ça. Du moment qu'on peut se payer de bons fiscalistes !
Mais
alors il ne faut pas faire les poches des "petits" pour
compenser l'argent que les très gros gardent dans les leurs.
René
Fredon
http://solidairesfinancespubliques.fr/gen/cp/dp/dp2013/120122_Rapport_fraude_evasionfiscale.pdf
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