jeudi 9 janvier 2014

3. Après les parkings Vinci entre dans le tunnel

Toulon
3.Une opération longue et coûteuse
On se demandait si le second tube allait..voir le jour ! Sans parler des études qui remontent à plus de  40 ans, le projet d'un tunnel pour relier dans les deux sens l'autoroute qui s'arrête à l'entrée de la ville et repart à la sortie, est approuvé en septembre 1987 au niveau ministériel, 26 ans et son coût est estimé à 188 millions d'euros (1,2 milliards de francs d'alors).
La délivrance approche : c'est pour bientôt ! Juste avant les municipales. Simple coïncidence bien sûr. Falco va pouvoir accrocher une nouvelle médaille à son plastron et son nom sur la plaque. « IL » en sera venu à bout. Cela fait tout de même 12 ans bientôt qu'il est aux commandes de la ville : deux mandatures pour achever un ouvrage commencé en avril 1993.
Nous n'allons pas lui faire porter le châpeau des retards et interruptions de travaux, ni même la responsabilité des surcoûts colossaux que les aléas du sous-sol ont générés. Avaient-ils été bien mesurés ?
Quoi qu'il en soit, dès le premier tube, un surcoût autour de 200 millions d'euros doublait l'addition au bas mot (selon les sources, le montant est un peu différent). Il y avait eu 20 mois d'interruption de travaux. Il ouvrait en 2002.
Quant au second tube qui devait être mis en service fin 2011, évalué à 292 millions d'euros il a pris du retard et son montant  a dû être réévalué à 453 millions, soit un dépassement de 161 millions, +55% ! Comment faire ?  L'Etat 27,5%, ne peut plus financer, on est en 2010,  les caisses sont vides, les dettes (privées transformées en dettes publiques) doivent être réduites. L'austérité fait son œuvre. Les autres partenaires ne peuvent pas compenser la défaillance de l'Etat.
Vinci avance le surcoût et prolonge sa concession
Le grand constructeur leader mondial du BTP, donc des parkings et des autouroutes, accepte de financer le surcoût de 162 millions d'euros...à condition de voir prolongée sa concession. Falco avait même annoncé en septembre 2011, que Vinci allait avancer les fonds de la totalité du coût : 453 millions !
Autrement dit, avec ses propres fonds et ses facilités d'accès aux marchés financiers, moyennant une plus longue durée de l'exploitation de l'autoroute,  Vinci va faire une très bonne opération financière. Car nul n'ignore que les autoroutes  construites avec des fonds publics donc l'argent des contribuables, leur gestion privée rapporte beaucoup d'argent...au délégataire du service public, pris dans la poche des mêmes contribuables devenus usagers.
D'ailleurs c'est ce constat qui a fait récemment remettre en cause par la ville, la gestion privée des parcs de stationnement par...Vinci ! Diable. Un aveu de taille ?
 
 « Petit à petit, nous allons récupérer la jouissance de ces ouvrages qui sont amortis et rénovés en partie. Avec la création d'une régie de stationnement couvert, on prend toutes les décisions et ça marche plutôt bien », affirme Amaury Charreton, conseiller municipal délégué au stationnement,  (Var Matin du 1er février 2013)
Mais alors, ce raisonnement, il faut l'appliquer aux autres concessions, en commençant par celle de l'eau.
Une vue du tunnel sens Marseille Nice
Pour revenir au tunnel, en séance plénière d'octobre 2011 au conseil régional, au nom du groupe Front de Gauche, Luc Léandri avait dénoncé « le désengagement de l'Etat qui, bien que maître d'oeuvre, n'assume pas sa charge financière liée au surcoût des travaux ». On était sous Sarkozy
En octobre 2013, le conseiller régional s élevait contre le cadeau fait à la multinationale après que les contribuables aient réglé la quasi-totalité du coût et des surcoûts d'un tunnel mémorable. La carence de l'Etat (pas des autres financeurs), aujourd'hui comme avant 2012,  l'amène à prolonger la concession déjà donnée à Escota (filiale de Vinci).
La préfecture confirme
Le 16 décembre 2013, la préfecture confirmait que la négociation concernant le surcoût pris en charge par Escota (une charge de 162 millions d'euros) avait abouti à un accord entre les parties, qui attendent maintenant le feu vert de la commission européenne en ce début 2014. L'arrêté est signé. Ce n'est pas tout à fait fini. On ne fait plus rien sans Bruxelles ! Vive la souveraineté nationale, régionale et communale.
On s'interroge aussi sur le fait de savoir si un péage n'est pas envisagé ? Malgré tous les démentis à commencer par celui du PDG. Il ne manquerait plus que ça ! Un PDG qui précise, dans une interwiew du 7 juin 2012 à VM, que « ce  ne sont pas 160 millions qu'il va falloir débourser mais environ 600 millions (si l'on ajoute l'élargissement de l'A57 à 2x3 voies et le coût d'exploitation sur 20 ans)...Aucun péage ne sera installé. L'allongement de la concession pour une durée de 5 ans sur l'ensemble du réseau Escota devrait être suffisant pour financer l'ensemble de l'opération. «  Dont acte.
Né en 2005 avec la  privatisation des autorutes, Vinci est choisi comme acquéreur des Autoroutes du Sud de la France et d'Escota.  Pas vraiment pour faire du mécénat.
On ne comprend pas très bien, s'agissant du tunnel, que son PDG compte le coût d'exploitation sur 20 ans et pas les recettes ! Il ne subventionne rien du tout. Il fait une avance de trésorerie à l'Etat défaillant en quelque sorte qui lui rapportera beaucoup. Il le dit lui-même : cinq ans de plus suffiront -20 ans au total- pour financer l'opération ! Entendez : « nous rapporter ce que nous prévoyons » ! On aimerait bien savoir combien les contribuables auront payé, en capital et en intérêts aux banques depuis l'origine de cette opération.
Un PDG pas tellement intéressé par la gestion de « petits » parkings avec travaux de rénovation, mais par de grands projets de conception, construction, gestion et plein de services à rendre, vélib, autolib...parapluies.
Au prix 2014 des locations à l'heure, (2 euros au parking de la gare), 15 euros pour 24 heures) ou des abonnements (146 mensuels au parking Liberté, 403 au trimestre, 1506 à l'année) on ne doute pas que le marché puisse rapporter gros tout en étant très sélectif.
Toulon a besoin de grands espaces de stationnement gratuit (ou de très faible participation pour éviter les abus), sur le passage de bus, à proximité de gares, d'aéroports, de ports...comme on a su le faire pour draîner la clientèle des grandes surfaces en périphérie des villes.
Avec le début des travaux pour le tramway, avant la volte face de Falco, il était prévu 5 parkings : à la gare de La Seyne (200 places), au parc urbain d'Ollioules (200 places), à La Beaucaire (200 places), à Sainte-Musse (600 places), à la gare de La Garde (150 places) ainsi que des liaisons piétonnes et cyclables, l'élargissement des trottoirs. Une petite partie seulement a vu le jour.
A Toulon, il y a beaucoup à faire dans ce domaine des parkings à créer et de ceux existants en y maintenant une surveillance 24 h sur 24 qu'ils soient couverts ou de surface. Le problème n'est pas simple mais il mérite d'être largement débattu pour être amélioré et démocratisé, dans la perspective de la remunicipalisation des services publics aujourd'hui gérés par le privé.
En attendant il importe de lever l'opacité sur la gestion des délégataires par un contrôle renforcé de la ville sur ce que lui coûte la gestion privée de ses services et ce que cela rapporte aux délégataires.
René Fredon
(à suivre : le marché de la propreté...laisse à désirer)

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