Toulon
3.Une opération longue et
coûteuse
On se demandait si le second tube allait..voir le jour !
Sans parler des études qui remontent à plus de
40 ans, le projet d'un tunnel pour relier dans les deux sens l'autoroute
qui s'arrête à l'entrée de la ville et repart à la sortie, est approuvé en
septembre 1987 au niveau ministériel, 26 ans et son coût est estimé à 188
millions d'euros (1,2 milliards de francs d'alors).
La délivrance approche : c'est pour bientôt ! Juste
avant les municipales. Simple coïncidence bien sûr. Falco va pouvoir accrocher
une nouvelle médaille à son plastron et son nom sur la plaque. « IL »
en sera venu à bout. Cela fait tout de même 12 ans bientôt qu'il est aux
commandes de la ville : deux mandatures pour achever un ouvrage commencé
en avril 1993.
Nous n'allons pas lui faire porter le châpeau des retards et
interruptions de travaux, ni même la responsabilité des surcoûts colossaux que
les aléas du sous-sol ont générés. Avaient-ils été bien mesurés ?
Quoi qu'il en soit, dès le premier tube, un surcoût autour de
200 millions d'euros doublait l'addition au bas mot (selon les sources, le
montant est un peu différent). Il y avait eu 20 mois d'interruption de travaux.
Il ouvrait en 2002.
Quant au second tube qui devait être mis en service fin 2011,
évalué à 292 millions d'euros il a pris du retard et son montant a dû être réévalué à 453 millions, soit un
dépassement de 161 millions, +55% ! Comment faire ? L'Etat 27,5%, ne peut plus financer, on est
en 2010, les caisses sont vides, les
dettes (privées transformées en dettes publiques) doivent être réduites.
L'austérité fait son œuvre. Les autres partenaires ne peuvent pas compenser la
défaillance de l'Etat.
Vinci avance le surcoût et prolonge sa concession
Le grand constructeur leader mondial du BTP, donc des
parkings et des autouroutes, accepte de financer le surcoût de 162 millions
d'euros...à condition de voir prolongée sa concession. Falco avait même annoncé
en septembre 2011, que Vinci allait avancer les fonds de la totalité du
coût : 453 millions !
Autrement dit, avec ses propres fonds et ses facilités
d'accès aux marchés financiers, moyennant une plus longue durée de
l'exploitation de l'autoroute, Vinci va
faire une très bonne opération financière. Car nul n'ignore que les
autoroutes construites avec des fonds
publics donc l'argent des contribuables, leur gestion privée rapporte beaucoup
d'argent...au délégataire du service public, pris dans la poche des mêmes
contribuables devenus usagers.
D'ailleurs c'est ce constat qui a fait récemment remettre en
cause par la ville, la gestion privée des parcs de stationnement
par...Vinci ! Diable. Un aveu de taille ?
« Petit à petit, nous allons récupérer la jouissance de ces
ouvrages qui sont amortis et rénovés en partie. Avec la création d'une régie de
stationnement couvert, on prend toutes les décisions et ça marche plutôt
bien », affirme Amaury Charreton, conseiller municipal délégué au
stationnement, (Var Matin du 1er février
2013)
Mais alors, ce raisonnement, il
faut l'appliquer aux autres concessions, en commençant par celle de l'eau.
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Une vue du tunnel sens Marseille Nice |
Pour revenir au
tunnel, en séance
plénière d'octobre 2011 au conseil régional, au nom du groupe Front de
Gauche, Luc Léandri avait dénoncé « le désengagement de l'Etat qui,
bien que maître d'oeuvre, n'assume pas sa charge financière liée au surcoût des
travaux ». On était sous Sarkozy
En octobre 2013, le
conseiller régional s élevait contre le cadeau fait à la multinationale après
que les contribuables aient réglé la quasi-totalité du coût et des surcoûts
d'un tunnel mémorable. La carence de l'Etat (pas des autres financeurs),
aujourd'hui comme avant 2012, l'amène à
prolonger la concession déjà donnée à Escota (filiale de Vinci).
La préfecture confirme
Le 16 décembre 2013, la
préfecture confirmait que la négociation concernant le surcoût pris en charge
par Escota (une charge de 162 millions d'euros) avait abouti à un accord entre
les parties, qui attendent maintenant le feu vert de la commission européenne
en ce début 2014. L'arrêté est signé. Ce n'est pas tout à fait fini. On
ne fait plus rien sans Bruxelles ! Vive la souveraineté nationale,
régionale et communale.
On s'interroge aussi sur le fait
de savoir si un péage n'est pas envisagé ? Malgré tous les démentis à
commencer par celui du PDG. Il ne manquerait plus que ça ! Un PDG qui
précise, dans une interwiew du 7 juin 2012 à VM, que « ce ne sont pas 160 millions qu'il va falloir
débourser mais environ 600 millions (si l'on ajoute l'élargissement de l'A57 à
2x3 voies et le coût d'exploitation sur 20 ans)...Aucun péage ne sera installé.
L'allongement de la concession pour une durée de 5 ans sur l'ensemble du réseau
Escota devrait être suffisant pour financer l'ensemble de l'opération. « Dont
acte.
Né en 2005 avec la privatisation des autorutes, Vinci est choisi
comme acquéreur des Autoroutes du Sud de la France et d'Escota. Pas vraiment pour faire du mécénat.
On ne comprend pas très bien,
s'agissant du tunnel, que son PDG compte le coût d'exploitation sur 20 ans et
pas les recettes ! Il ne subventionne rien du tout. Il fait une avance de
trésorerie à l'Etat défaillant en quelque sorte qui lui rapportera beaucoup. Il
le dit lui-même : cinq ans de plus suffiront -20 ans au total- pour
financer l'opération ! Entendez : « nous rapporter ce que nous
prévoyons » ! On aimerait bien savoir combien les contribuables
auront payé, en capital et en intérêts aux banques depuis l'origine de cette
opération.
Un PDG pas tellement intéressé
par la gestion de « petits » parkings avec travaux de rénovation,
mais par de grands projets de conception, construction, gestion et plein de
services à rendre, vélib, autolib...parapluies.
Au prix 2014 des locations à
l'heure, (2 euros au parking de la gare), 15 euros pour 24 heures) ou des
abonnements (146 mensuels au parking Liberté, 403 au trimestre, 1506 à l'année)
on ne doute pas que le marché puisse rapporter gros tout en étant très
sélectif.
Toulon a besoin de grands espaces
de stationnement gratuit (ou de très faible participation pour éviter les
abus), sur le passage de bus, à proximité de gares, d'aéroports, de
ports...comme on a su le faire pour draîner la clientèle des grandes surfaces
en périphérie des villes.
Avec le début des travaux pour le
tramway, avant la volte face de Falco, il était prévu 5 parkings : à la
gare de La Seyne (200 places), au parc urbain d'Ollioules (200 places), à La
Beaucaire (200 places), à Sainte-Musse (600 places), à la gare de La Garde (150
places) ainsi que des liaisons piétonnes et cyclables, l'élargissement des
trottoirs. Une petite partie seulement a vu le jour.
A Toulon, il y a beaucoup à faire
dans ce domaine des parkings à créer et de ceux existants en y maintenant une
surveillance 24 h sur 24 qu'ils soient couverts ou de surface. Le problème
n'est pas simple mais il mérite d'être largement débattu pour être amélioré et
démocratisé, dans la perspective de la remunicipalisation des services publics
aujourd'hui gérés par le privé.
En attendant il importe de lever
l'opacité sur la gestion des délégataires par un contrôle renforcé de la ville
sur ce que lui coûte la gestion privée de ses services et ce que cela rapporte
aux délégataires.
René Fredon
(à suivre : le marché de la propreté...laisse à désirer)
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