Toulon
Que de chemin parcouru depuis que la bonne vieille régie
municipale, la RMTT, a été intégrée à Transdev, filiale de la Caisse des Dépôts
et Consignations et de Véolia qui en est l'opérateur.
Et qui s'est vu reconfier pour 8 ans la délégation de service
public, le 22 mai 2013 par le conseil communautaire (TPM), DSP qu'il n'avait
que depuis 4 ans.
Transdev l'a emporté haut la main, n'ayant pas de concurrent
sur la ligne de départ. Kéolis, autre grand groupe adossé, entre autre, à la
SNCF, qui avait retiré un dossier a renoncé à l'appel d'offres.
Les deux multinationales se retrouveront aux E.-U. Pour se
disputer la gestion des transports de Boston assurée par Transdev. Une autre
cagnotte en perspective 300 millions de $ par an pendant 10 ans. Cinq fois plus
que la subvention forfaitaire d'exploitation de TPM : 46,9 millions
d'euros (60 millions $).
Selon Falco, « il a fallu se battre » pour faire
baisser les prétentions du major qui demandait 59 millions alors qu'en 2012 il
avait reçu 47,8. On peut toujours dire ce qu'on veut, on n'est pas dans le
secret des négociations, et quand l'adjudicataire est seul en piste, ça laisse
un petit soupçon.
Un petit geste à moins d'un an des municipales, ça donne du
poids au président, maire de Toulon mais Transdev a des obligations de
résultats financiers, de marges opérationnelles comme ils disent. On ne pense
pas qu'ils postulent pour faire plaisir aux élus. Mais pour faire du profit.
C'est même à ça qu'on les reconnaît ! Cela fait trente ans que les
politiques libérales s'emploient à privatiser.
Le contrat a pris effet au 1er juin 2013. Il risque d'y avoir
quelques avenants avec l'entrée en service de la ligne prévue pour le tramway
et que Falco a renoncé à terminer, optant pour un BHNS (bus à haut niveau de
service), ce qui lui a fait perdre le bénéfice de la DUP accordé pour un
tramway et...qui a été annulée ! Il va donc falloir en déposer une autre.
Nonobstant le fait que des expropriations et des travaux
avaient commencé pour la circulation d'un Tramway, à l'étude depuis plus de 20
ans et qui avait fait l'unanimité du SITCAT, qui s'est « fondu » dans
TPM responsable des transports pour les 12 communes.
Décision tout à fait regrettable, car le Tram offre des
possibilités de confort, de vitesse et de capacité supérieures pour un coût
d'investissement légèrement plus élevé mais vite amorti si l'on en croit les
ingénieurs qui ont donné un avis sur cette volte-face. Sans compter l'argent
public investi pendant toutes ses années pour les études, les voyages d'étude,
les réunions etc...Il ne serait pas inutile d'en faire une estimation ?
La question fondamentale demeurant le développement
d'une offre de tranports publics de nature à réduire le coût, le temps et
la pollution pour inciter davantage de salariés, d'étudiants, d'usagers à faire
le choix du transport en commun, ce qui était l'une des finalités du Grenelle
de l'Environnement prenant en compte les nécessités objectives, économiques et
écologiques.
Bonnes résolutions restées lettre morte en termes de
concrétisation pour cause d'austérité, de financements réduits, de croissance
en berne qu'on fait doublement payer à ceux qui n'y sont pour rien et qu'on
prépare à de nouvelles privatisations !
A l'opposé des choix libéraux
Ainsi le gouvernement a renoncé à financer la nouvelle ligne
SNCF mais seulement décidé de l'aménagement des deux gares de Marseille et
Nice ? Alors que chacun sait que pour réduire l'usage de la voiture, des
camions, coûteux et polluants, et faire face à l'augmentation des besoins de
déplacements, il est impératif, dans notre région à forte expansion
démographique, qu'une troisième voie soit entreprise, passant de préférence à
Toulon, pour relier les trois villes. Car le réseau est saturé et ne peut plus
absorber de trafic supplémentaire.
Que veut-on : densifier le réseau routier ou développer
le tranport ferroviaire, voyageurs et marchandises, sans pour autant négliger
les autres modes mais en dégageant les priorités. Donc en ouvrant un débat
constructif, pas une guerre de tranchée entre ceux qui aimeraient leur terroir
et les autres. Examiner les besoins et voir tous les aspects pour y répondre et
préparer l'avenir.
Le Front de gauche met en débat une autre proposition,
toujours pour privilégier l'usage des transports en commun urbains et
interurbains : la gratuité.
Aux objections « d'assistanat » et de
« surcoût », nous répondons que ce n'est pas du tout notre démarche
mais un double souci de créer les conditions d'une véritable démocratisation de
l'usage des transports urbains, réappropriés comme espaces de convivialité en
même temps que moyen de déplacement accessible à tous et dissuasif de l'usage
de la voiture qui revient de plus en plus cher (prix de l'essence, assurance,
entretien, stationnement, contravention...) Donc un gain substantiel de pouvoir
d'achat. Et beaucoup plus si on tient compte des économies d'énergies carbonées
et de leurs effets sur la pollution de l'air.
Alors que le coût actuel est, lui, dissuasif de l'usage des
bus et génère infractions et incivilités, y compris à l'encontre des
chauffeurs. L'expérience de nos voisins d'Aubagne témoigne du succès de cette
disposition aussi bien en termes de fréquentation que de changements de
comportements.
Quant au surcoût (pas de recettes de billetterie) il peut
être compensé en grande partie par une augmentation du versement transport des
entreprises, des économies de gestion et par une ligne budgétaire parfaitement
justifiable compte tenu des effets positifs induits.
Cette conception de développement et de modernisation des
transports publics ne peut que contribuer plus efficacement au développement
économique qui patine et qui doit également prendre en compte ces critères
écologiques et cette finalité sociale.
On est à l'opposé des choix libéraux d'austérité qui
prévalent à Toulon et, hélas, au niveau gouvernemental. Les privilèges qui sont
faits aux multinationales comme Véolia et quelques autres sont supportés par le
reste de la population, petites et moyennes entreprises comprises.
C'est cette vision que porte le Front de Gauche en contestant
les choix politiques nationaux, européens, qui pèsent directement sur les
pouvoirs locaux, de moins en moins en capacité de décider car soumis à la
pression financière de l'Etat lui-même (volontairement) soumis à des décisions
d'une Europe au service des grandes puissances financières et industrielles qui
dictent leurs conditions...au détriment des peuples, de leurs besoins, de leur
souveraineté.
René Fredon
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