Le Front de gauche (FG) est, durablement, la seule voie qui puisse redonner de la force et de l’espoir à notre peuple. Nous sommes de ceux qui regrettent la décision des communistes parisiens. Mais nous sommes aussi de ceux qui se félicitent que, dans l’essentiel des villes de plus de 20 000 habitants, le Front de gauche soit le cœur de rassemblements. Et nous sommes convaincus qu’au-delà des configurations, une seule considération a prévalu au choix de nos camarades : être le plus utile pour défendre l’intérêt de nos concitoyens, singulièrement les plus faibles. Nous sommes un Front, et pas un parti. Ce n’est pas un détail. Si ce qui nous rassemble est plus fort que nos différences, il n’en demeure pas moins que nous avons des différences.
Certaines sont ténues. D’autres sont plus sérieuses. Nous en voyons deux : la conception du rassemblement et le centralisme. Dans une interview aux Inrocks, tu démontres combien ton parti pris clivant est un choix réfléchi, assumé et défendable : « Ce qui m’intéresse, c’est la fraction la plus déterminée de notre peuple, celle qui est prête à se mobiliser pour bâtir une alternative. Je construis sur ce qui tient bon. » Et tu ajoutes : « Je crois que le conflit crée la conscience. »
Tu le vois, ce qui nous lie politiquement à Pierre Laurent est quelque chose de bien plus profond que notre longue amitié. Ce qui nous lie à lui, c’est une culture construite au fil des ans. Et quels que furent les désaccords et les engueulades, nous sommes toujours là pour des raisons très profondes. Du coup, chaque flèche en direction de Pierre nous atteint aussi. Et ne sous-estime pas que certaines blessures cicatrisent mal… Tu dis parfois qu’il pourrait y avoir un FG relooké, avec une partie des écologistes, le NPA, les autres composantes du FG, les gentils « cocos »… Comme beaucoup d’autres, nous ne le voulons pas car ce serait un FG atrophié et sans avenir. Que serait la France sans Front de gauche ? Hypothèse mortifère. Bien sûr, le FG traverse une zone de turbulences. Certains en font leurs choux gras : le Front de gauche serait mort, Laurent et Mélenchon avec lui. Nous devons mettre le point final à ces conjectures. La formidable campagne électorale que tu as portée a produit une telle dynamique qu’elle a surmonté nos différences. Elle ne les a pas effacées. Dans la durée, il n’y a pas d’autre choix que d’apprendre ensemble à en faire une force. De Leonarda au droit à la retraite, du droit de vote des étrangers au droit du travail, du mariage pour tous au pacifisme, de la lutte pour une Europe solidaire au refus du budget, nous sommes ensemble avec la volonté de construire une alternative à ce gouvernement. Alors, ne perdons jamais de vue l’essentiel, poursuivons le débat fraternellement pour que vive le Front de gauche.
Isabelle Lorand et Frédérick Genevée
http://www.humanite.fr/


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